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Abbaye



Histoire de l'Abbaye de La Roë





Note: Le texte qui suit est extrait du volume " La Mayenne " de l'ouvrage " Le Maine et L'Anjou " du Baron de Wismes. Edition des Sillons du Temps - édition originale parue de 1854 à 1862, réédition en 1992, pages 185 à 188.
(L'orthographe a aussi été respectée ...)



 voir aujourd’hui le bourg de La Roe , traversé par trois belles routes dirigées vers Rennes, Laval et Craon, entouré de gras pâturages, et de riches cultures, on se douterait difficilement que ce lieu était, il y a huit cents ans, une terre inculte, sauvage, couverte de bois….. Cette transformation fut, comme tant d’autres, l’œuvre de pieux cénobites.

u XIe siècle, les désordres séculiers étaient grands, - mais alors comme toujours, cette loi mystérieuse qui gouverne le monde fit sortir le bien de l’excès de mal. Robert d’Arbrissel nous offre un exemple frappant de cette vérité : fils et petit-fils de prêtres mariés, il fut l’instrument dont la Providence se servit pour purifier les mœurs du clergé. Né vers 1045, à Arbrissel, aujourd’hui Arbre Sec, village de l’Evêché de Rennes, à une lieue de La Guerche, il allait faire ses études à Paris et revînt prêcher dans son pays. L’effet de ses prédications fut tel que plus de quarante-cinq personnes des environs de La Guerche s’empressèrent de rendre les dîmes usurpées.

ne si grande œuvre ne pouvait s’accomplir sans exciter d’énergiques animosités. L’illustre réformateur fut obliger de quitter l’évêché de Rennes, dont il est grand vicaire, et vint enseigner à Angers. – Son zèle ardent lui fit bientôt chercher une vie plus austère ; il vint en 1092 avec un certain nombre de disciples, bâtir quelques cellules isolées et disséminées dans la forêt de Craon, non loin des frontières bretonnes, où il avait laissé tant de souvenirs. Ces pieux hermites ne buvaient que de l’eau, ne vivaient que de racines et d’herbes sauvages, couchaient sur la paille, et s’habillaient de peaux de chèvres.
eglise actuelle
Quant à Robert, un vrai cilice, c’est-à-dire une tunique tissue de poils de porc, le couvrait de la tête aux pieds. La prière, l’instruction du peuple et le défrichement des terres formaient son unique occupation ainsi que celle de ses disciples ; leur nombre augmentant de jour en jour, il obtint de Renaud de Craon, dit l’Allobroge ou le Bourguignon, une partie de la forêt de Craon pour y bâtir son église dédiée à la Sainte-Vierge et à Saint-Jean-Baptiste son serviteur ( ministri ejus, dit la charte de fondation de La Roe ), car il eut toujours dans l’esprit ces dernières paroles de J.C. à cet apôtre : Fils, voilà votre mère. Elles furent aussi les dernières que Robert adressa à ses religieux en présence de l’abbesse de Fontevrault, et ce fut peut-être elles qui lui firent établir dans le célèbre communauté que nous venons de nommer la subordination des religieux aux religieuses.

a donation de Renaud est du 11 février 1096 – elle fut confirmée à Tours le 21 mars de la même année, par le pape Urbain II. Deux ans après, le 1er mai 1098, Geoffroy de Mayenne, évêque d’Angers, vint bénir le cimetière et le nouvel autel de la paroisse appelée alors Notre-Dame ou Sainte-Marie-du-Bois. Ce fut l’occasion d’une grande réunion ; laissons parler ici la charte-notice de La Roe , rédigée sous l’impression encore toute récente de l’événement : "  les barons de tous les environs assistèrent à la cérémonie, à savoir Renauld dit l’Allobroge, André de Vitré, Guillaume de la Guierche, Gautier Hay, avec leurs vassaux. Tous étant réunis, l’évêque avant de commencer à bénir le cimetière, demanda à Renauld s’il y avait des habitants dans la forêt qui pourraient librement devenir paroissiens du lieu qu’on allait bénir. Alors celui-ci ayant pris conseil de ses fils et de ses familiers, désigna comme devant former l’étendue de la nouvelle paroisse tous ceux qui habitaient ou viendraient habiter la forêt de Craon, dans l’espace compris entre le lieu dit Grolet et les bords de la rivière d’ Usure.- Sur cette réponse, l’évêque reprenant la parole, demanda à tous les prêtres du pays de Craon qui étaient présents si quelqu’un d’eux formait opposition à la fondation de cette nouvelle paroisse.. Mais loin de là, tous applaudirent et donnèrent leur consentement. L’évêque bénit donc le cimetière, consacra l’autel et il donna un surcroît de revenus à l’abbaye, en ordonnant aux prêtres de tout le Craonnais d’en visiter l’église une fois l’an avec leurs processions. ". blason de La Roe

es hermites, ayant bientôt disposé en cercle leurs cellules autour de la nouvelle église paroissiale fondée par Renauld de Craon et Robert d’Arbrissel, donnèrent au bourg de La Roe cette forme qu’il a toujours conservée depuis, et qui lui a valu son nom de La Roe , la Roue, Rota, nom qui vers le milieu du XIIe siècle remplaça celui de Notre-Dame-du-Bois. – Telle est du moins l’opinion populaire, et elle n’est point invraisemblable.- Quand les moines se rangèrent en communauté, ce nom paraît avoir déjà prévalu, et l’abbaye adopta une roue dans ses armes qui figurent encore sur les vitres de la fenêtre du grand portail de l’église.

ependant Renauld en faisant cette nouvelle fondation, n’avait point songé que déjà il avait donné aux chanoines de Saint-Nicolas-de-Craon, les dîmes de Ballots dont la circonscription avait fourni en grande partie le territoire de La Roe . Soit surprise, soit crainte, soit même par suite de quelqu’arrière pensée, les bons chanoines firent d’abord les morts et les muets. Aucun d’eux ne fit entendre sa voix lorsque l’évêque s’enquit s’il n’y avait nulle réclamation. Mais aussitôt que les religieux de La Roe voulurent mettre le main sur les dîmes touchées jusqu’alors par les chanoines de Craon, ceux-ci parurent, munis de leurs parchemins. De pareilles contestations duraient parfois plus d’un siècle. Heureusement que la pieuse générosité de Regnauld eut bientôt mis fin à ce différend en donnant à Saint-Nicolas la terre de Boutigné, en compensation des revenus qu’il lui avait enlevés.



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